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Depuis plusieurs années Bruno Marcucci, le long de la route d’un projet ouvert, que l’a amené à se bouger avec grande naturel/spontanéité entre dessin, peinture, sculpture et installations, mène une recherche orientée sur la profondeur et animée par un sens très fort de la matière - matière terre et matière de fumée, matière primordiale et matière technologique, matière sur support et support qui se transforme en matière - à laquelle la main s'accoste avec émotion ancienne et savante conscience.

Au fil du temps, à la réduction des moyens opérationnels vient à correspondre, en mode toujours plus péremptoire, une toujours grande concentration de l'image, jusqu'à arriver à l'iceberg de « Linea d’orizzonte/Ligne d'horizon », détrempes à la silicone sur papier, qui se placent à la limite entre visibilité et invisibilité, fini et infini, spatialité lumineuse des superficies et obscurité des asiles sans fond.

[...] Des parties émergées des iceberg il se propose à nous d’écouter ce qui se passe en bas. La ligne d'horizon haute pose le spectateur en correspondance de ce qui est submergé, de ce que calmement précipite dans les immenses régions de l'éloignement, de l’inconnu, dans lequel se poursuivent concavité et convexité, dans une ondulée sédimentation de plis [...] 

La multiplication sérielle de l'iceberg, de dimensions extrêmement diverses, sans césure d'espaces blancs, sans silences à séparer l'un de l'autre, crée un théâtre très mobile, entre différence et répétition, avec une heureuse succession rythmique de couleurs et de tons qui se module en mille variations soit dans la partie émergée soit dans celle qui s’enfonce. Comprimées et emmêlées, pli sur pli, les masses submergées, presque un concentré du monde, semblent susceptibles de s'étendre potentiellement à l'infini, dans le centre même de l'abîme.

[...] À une hauteur de m 2.03 se pose, justement, la ligne de l'horizon, frontière et limite de la vision et de la connaissance, ligne de frontière entre l'éloignement du passé et l'absolument inconnu du futur, dans l’aléatoire de notre manière d’être vivants [...]

Mais plus le regard tourne à la parcourir, en faisant tout le tour des parois, plus on se laisse prendre des pulsations dynamiques, du pur rythme des formes et des couleurs. Ce qui reste à la fin est un sens de joie, la joie pure, sans raison, qui naît du bonheur des images.

Giuliana Paganucci

 

© 2011 Bruno Marcucci